La conflictualité environnementale, qui caractérise aujourd’hui l’Afrique, a des raisons et des racines historiques dont la recherche n’a pas encore mis en lumière toutes les implications et les conséquences. Il s’agit de raisons idéologiques et politiques qui tirent leurs origines de l’Europe impérialiste, et qui s’alimentent de pratiques et de traditions en même temps fonctionnelles à la consolidation et au renforcement des États nationaux européens, et à l’élaboration de ces discours environnementalistes qui, au nom de l’”intérêt publique”, justifieront les actions “de civilisation” et “de rationalisation” des ressources naturelles, tant en Europe qu’en Afrique. En effet, ces politiques de conservation et ces pratiques de protection de la nature conçues en Europe et gérées traditionnellement par le secteur forestier, seront bientôt exportées en Afrique où elles constitueront le point de départ pour la définition des cadres normatifs institutionnels et pour l’élaboration des représentations scientifiques et idéologiques des contextes naturels et environnementaux africains. Paradoxalement, aujourd’hui ces cadres et ces représentations restent toujours à la base des politiques forestières et, plus en général, des politiques environnementales des États africains indépendants. En récupérant les discours scientifiques (ou présumés tels) profondément conditionnés par le projet colonial d’exploitation, les politiques environnementales actuelles résultent ainsi, aujourd’hui plus que dans le passé, connotées d’ambiguïté et de contradictions en termes territoriaux et, de fait, sociaux. Faire ressortir et analyser ces contradictions représente le premier pas pour tenter d’adopter un point de vue interne au continent africain et capable de prendre en charge les mécanismes juridictionnels traditionnels africains qui règlent l’accès à l’espace et aux ressources naturelles.

The environmental conflict that characterizes Africa today has historical reasons, the implications and consequences of which have rather been neglected by current research. These reasons are ideological and political, and have their roots in imperialist Europe. They rest on traditions and practices that are functional to the consolidation and strengthening of the European nations, and to the elaboration of those environmental strategies that justify the “civilization” and “rationalization” of the natural resources in the name of the “public interest” both in Europe and in Africa. In fact, these policies of nature conservation and protection conceived in Europe and managed traditionally by the forest sector, will be soon exported to Africa where they will become the starting point to define the normative-institutional frameworks and to elaborate the scientific and ideological representations of the natural and environmental African contexts. Today, paradoxically, such frameworks and ideological representations continue to inspire the forest and environmental policy of the independent African states. Based on the (allegedly) scientific writings deeply influenced by the colonial aim to exploitation, the current environmental policies are, today more than in the past, full of ambiguities and contradictions in territorial and, consequently, social terms. Highlighting and analyzing these contradictions represents the first step towards an internal point of view on the African continent. This inner perspective should be able to explain the traditional jurisdictional mechanisms that regulate the access to the space and natural resources of Africa.

Colonialismo e conservazione: all'origine della conflittualità ambientale in Africa occidentale francese e in Africa orientale italiana

CALANDRA, LINA MARIA
2009-01-01

Abstract

The environmental conflict that characterizes Africa today has historical reasons, the implications and consequences of which have rather been neglected by current research. These reasons are ideological and political, and have their roots in imperialist Europe. They rest on traditions and practices that are functional to the consolidation and strengthening of the European nations, and to the elaboration of those environmental strategies that justify the “civilization” and “rationalization” of the natural resources in the name of the “public interest” both in Europe and in Africa. In fact, these policies of nature conservation and protection conceived in Europe and managed traditionally by the forest sector, will be soon exported to Africa where they will become the starting point to define the normative-institutional frameworks and to elaborate the scientific and ideological representations of the natural and environmental African contexts. Today, paradoxically, such frameworks and ideological representations continue to inspire the forest and environmental policy of the independent African states. Based on the (allegedly) scientific writings deeply influenced by the colonial aim to exploitation, the current environmental policies are, today more than in the past, full of ambiguities and contradictions in territorial and, consequently, social terms. Highlighting and analyzing these contradictions represents the first step towards an internal point of view on the African continent. This inner perspective should be able to explain the traditional jurisdictional mechanisms that regulate the access to the space and natural resources of Africa.
2009
La conflictualité environnementale, qui caractérise aujourd’hui l’Afrique, a des raisons et des racines historiques dont la recherche n’a pas encore mis en lumière toutes les implications et les conséquences. Il s’agit de raisons idéologiques et politiques qui tirent leurs origines de l’Europe impérialiste, et qui s’alimentent de pratiques et de traditions en même temps fonctionnelles à la consolidation et au renforcement des États nationaux européens, et à l’élaboration de ces discours environnementalistes qui, au nom de l’”intérêt publique”, justifieront les actions “de civilisation” et “de rationalisation” des ressources naturelles, tant en Europe qu’en Afrique. En effet, ces politiques de conservation et ces pratiques de protection de la nature conçues en Europe et gérées traditionnellement par le secteur forestier, seront bientôt exportées en Afrique où elles constitueront le point de départ pour la définition des cadres normatifs institutionnels et pour l’élaboration des représentations scientifiques et idéologiques des contextes naturels et environnementaux africains. Paradoxalement, aujourd’hui ces cadres et ces représentations restent toujours à la base des politiques forestières et, plus en général, des politiques environnementales des États africains indépendants. En récupérant les discours scientifiques (ou présumés tels) profondément conditionnés par le projet colonial d’exploitation, les politiques environnementales actuelles résultent ainsi, aujourd’hui plus que dans le passé, connotées d’ambiguïté et de contradictions en termes territoriaux et, de fait, sociaux. Faire ressortir et analyser ces contradictions représente le premier pas pour tenter d’adopter un point de vue interne au continent africain et capable de prendre en charge les mécanismes juridictionnels traditionnels africains qui règlent l’accès à l’espace et aux ressources naturelles.
File in questo prodotto:
Non ci sono file associati a questo prodotto.
Pubblicazioni consigliate

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11697/21613
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact